Cinéma Abc - Samedi 5 novembre à 20h et Jeudi 10 novembre à 14h
Quelque part à Bucarest, trois jours après l’attentat contre Charlie Hebdo et quarante jours après la mort de son père, Lary – 40 ans, docteur en médecine – va passer son samedi au sein de la famille réunie à l’occasion de la commémoration du défunt. L’évènement, pourtant, ne se déroule pas comme prévu. Les débats sont vifs, les avis divergent. Forcé à affronter ses peurs et son passé et contraint de reconsidérer la place qu’il occupe à l’intérieur de la famille, Lary sera conduit à dire sa part de vérité.
2016. Drame. 2h53
Un film écrit et réalisé par Cristi Puiu
Avec Mimi Branescu, Judith State, Bogdan Dumitrache, Dana Dogaru, Sorin Medeleni, Ana Ciontea, Rolando Matsangos, Catalina Moga, Marin Grigore, Tatiana Iekel…
C’est un film très roumain sur la Roumanie, mais qui reflète un désespoir plus général. L’univers que saisit le cinéaste semble à la fois cerné par l’hystérie (hallucinante séquence où de parfaits inconnus en viennent aux mains pour une voiture mal garée) et par l’auto-apitoiement (Lary sanglote, soudain, en évoquant, devant sa femme, stupéfaite, une anecdote de son enfance, où l’innocence était encore de mise). C’est loin, tout ça. Plane aujourd’hui le sentiment d’un gigantesque gâchis. Ne pas avoir été digne au moment où il l’eût fallu. Avoir accepté ce qui était intolérable : la dictature, Ceausescu, les beaux slogans, les fausses promesses. Comment survivre quand on a si mal vécu ?…
Mais voilà que, comme l’exige la tradition, l’un des fils revêt le costume du mort : il le libère, en quelque sorte. Il s’assoit à table avec les autres : le dîner, tant repoussé, peut enfin commencer. Et soudain, on se croirait dans une pièce de Tchekhov, regrets et remords effacés… Dans ce film magnifique, Cristi Puiu se glisse avec maestria entre ses multiples personnages, n’en sacrifie jamais aucun, joue simultanément avec les intrigues et les styles. C’est le digne successeur de Robert Altman. — Pierre Murat, Télérama